Date: 5 décembre 2010
Météo: froid, pas de précipitation
Lieu: Saint Etienne - Lyon
Nb de coureurs: 4030
Parcours: 68km, 1300 d+ et 1700d-
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Arrivée à 21h30 au parc expo de Saint Etienne, avec mes frangins: Titi et Tony et mon père. On se croirait dans un parc d'attractions ! Devant nous, une file d'attente
serpente à l'intérieur du hall, disparaît derrière une palissade, réapparaît à l'autre bout. Bref c'est au bout de celle-ci qu'on nous délivre les dossards ! Pas le choix,
c'est parti pour un peu plus d'1h de queue...
On retrouve ensuite l'équipe "Volodalen" déjà sur place. Mon frère Titi est également inscrit, On se prépare alors tranquillement, fait les dernières vérifs, petits massages, crème pour les pieds et à 23h10 direction le froid et la ligne de départ.
Surprise ?! Il n'y a personne sous l'arche ! Demi-tour et retour au chaud dans le hall...
23h30, bon, cette fois, let's go ! On se place à environ 20 mètres de la ligne de départ and waiting for the start ! Je n'ai pas trop froid, un T-shirt technique manche longue,
une micropolaire sans manche et la veste gore tex suffisent pour patienter.
Minuit, c'est parti!
"Dans quoi on s'embarque ?" On adopte tout de suite, mon frère et moi, une allure assez cool : environ 12km/h. On se fera doubler durant les 8kms de bitume du début de course.
Puis on attaque
les chemins enneigés, dur alors de prendre un rythme, les appuis ne sont pas très solides et il est difficile de dépasser. C'est pas grave, la remontée commence petit à petit.
Les retours sur route sont assez dangereux, les plaques de verglas ne font pas de cadeau ! Il faudra rester concentré durant toute la course.
A l'approche du premier ravito (km15),
niveau sensation, tout va bien, mais je suis trempé sous la gore tex. J'aurais du mettre un second Tshirt plutôt que la micro polaire ! Au stand, je prends une gorgée
de Redbull que je recrache aussitôt (gelée !). Du coup, je ne m'arrête pas, juste le temps de dire à mon père que je me changerai certainement à Sainte Catherine. Je garde une petite allure qui me permet de
remonter tranquillement. J'essaie d'avoir une foulée économique mais pas évident dans la neige ! Au passage, les chaussettes imperméables sont nickel ! Je n'ai pas eu froid aux pieds
du début à la fin. Par contre, le fait d'être mouillé au niveau du ventre m'inquiète un peu. J'ai peur d'attraper des douleurs ou des crampes au contact du froid. Je ne suis pas très serein et je me frictionne régulièrement le ventre.
Sainte Catherine km 28, je decide de me changer. Je perds
pas mal de temps mais il reste encore de la route, donc je privilégie le confort. Mon frère ne s'est pas arrêté, il se sent très bien... Je ne le reverrai plus :) De nouveau sec, je repars sur les sentiers enneigés.
La course change... le calme s'installe.
Il y a plus d'espace autour de moi, tout devient moins stressant. Je ne fais attention ni à l'heure ni à la distance qu'il me reste. Ce que je sais c'est que la nuit et le
froid sont bel et bien là. La fatigue musculaire et les sensations de crampes apparaissent mais l'energie est toujours présente. Je m'installe petit à petit dans ma bulle avec ses sensations naissantes et
cette concentration qu'il faut absolument maintenir sous peine de valser dans les airs. J'arrive néanmoins à accélérer légèrement tout en recherchant un semblant d'économie dans ma gestuelle et ma foulée.
Je remonte doucement mais sûrement. Au ravito de Soucieu (km45), je prends un peu de salé, des quartiers de mandarines (passe bien!) et du thé. Mon père et Tony sont là, je me pose un instant et prends le temps
de me masser les cuisses (les crampes ne sont vraiment pas loin). On remplit ma poche à eau et je repars pour quelques mètres en compagnie de mon frère avant de retrouver mon effort solitaire pour le dernier tiers de course.
Jusqu'à maintenant j'ai pu me ravitailler correctement, gel + eau. Mais l'eau gelée commence à avoir du mal à passer, les gels aussi. Au départ du dernier ravito, reste 12km, je commence à penser à la ligne d'arrivée.
Je regarde le chrono et me dis que je peux descendre sous les 7h si je maintiens cette allure. Mais à l'attaque de la dernière portion sur les quais, les sensations
ne sont plus là. Cette partie devient un calvaire alors que tout allait bien jusque là, je me sens de plus en plus épuisé. J'ai du mal à allonger ma foulée, j'ai vraiment un coup de
moins bien alors qu'il ne reste plus grand chose à parcourir en comparaison des 6h30 déjà encaissées! Pourtant toute cette partie me semble interminable. J'ai les yeux
rivés sur mon gps. Quel contraste entre la première partie de 60km durant laquelle je ne me suis pas trop posé de question, simplement avancer sans prendre en compte l'environnement course, et cette deuxième partie de
8kms durant lesquels seule la volonté permet de finir.
Elle ne m'aura pas permis de passer sous les 7h. Mon père et Tony m'ont rejoins et m'ont accompagné sur les dernier 500m, ça m'a fait un bien fou ! La chaleur s'installe à nouveau
dans tout le corps. Un semblant de bien-être refait surface à ce moment là. Il est suivi d'une émotion de dingue à l'arrivée au palais des sport et le passage sous l'arche. L'euphorie est contenue mais elle est là! Je retrouve mon frère Titi arrivé 13min plus tôt.
L'émotion nous gagne, on a fait un truc de dingue, une sacrée expérience en tout cas. Très vite la fatigue et les blocages me ramènent à la réalité. On fera pas ça tous les WE !
Cl : Vraiment une course atypique ! Finalement, je me suis accomodé de cette neige et les heures passant, je ne la percevais plus comme une réelle difficulté. Le temps de course a forcément été revu à la hausse mais
les conditions hivernales et cette ambiance particulière ont fait ressortir encore plus le coté aventure de cette course. Au fur et à mesure, courir dans la neige était même devenu plutôt agréable (j'exclus bien sur les plaques de verglas !!!).
D'autre part, la nuit, le calme, la solitude dans l'effort font qu'on ressent progressivement l'évolution de ses sensations, de son état corporel. Sur la fin, le mental est sollicité à 200%, le physique ne répond plus trop, mais le réconfort apporté par ses proches sur le parcours
et l'émotion sur la ligne d'arrivée font que j'en garderai un super souvenir :)
Résultats: 178ème en 7h03, course remportée par Denis MOREL en 5h18.
Courbe Altitude-Distance (Garmin 310XT)