Date: 31 août 2012
Météo: Pluie, neige
Lieu: Courmayeur-Champex-Chamonix
Nb de coureurs: 1913
Parcours: 90km et 4600m dénivelé positif

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Vendredi matin, 8h... il pleut sur Chamonix.
Pas de miracle! Pas de réveil ensoleillé, ni de Mont Blanc pour nous émerveiller, ce matin... il pleut!
La nuit fut bonne, passée dans un petit chalet aux Houches. Je suis arrivé la veille avec mon père et mon frère. Retrait du dossard, ambiance dans les rues de Cham' pour l'évènement. Puis préparation du sac, pâtes et pizzas et dodo de bonne heure :-)

Il est temps de prendre la route pour Courmayeur (Italie). La météo est pourrie depuis le jeudi, les coureurs de la TDS, partis la veille, ont connu des conditions dantesques durant la nuit, plus de 50% d'abandons !!! J'espère qu'on sera épargné. Nous voici à quelques mètres de la sortie du tunnel du Mont Blanc et Bing... un grand soleil !!! Mais pas pour très longtemps. A peine garés et le ciel se couvre déjà. ... Bidip ! Un sms de l'organisation : "A cause des conditions qui règnent en altitude, le parcours n'empruntera pas la montée vers la Tête de la Tronche ni celle de la Tête aux Vents" : 2 grosses difficultés du parcours. Celui ci est donc raccourci en km et dénivelé.

                   



Bon ben j'y suis, quelques mètres derrière l'arche de départ, les coureurs se placent, le speaker met le paquet, l'émotion monte avec la musique de Vangelis, ptit coup de chaud, ayè, le compte à rebours... c'est parti.




Je suis vraiment content d'être là et peu importe les conditions qu'il y aura là-haut, je vais vivre un truc vraiment sympa, c'est sûr.
Petite boucle dans Courmayeur, les rues sont bondées, les encouragements, les applaudissements, les cloches, j'y suis, hiiiiiiii !!!
La première ascension se passe bien, il fait même chaud, j'enlève ma veste imperméable et baisse mes manchettes. On se suit tous en file indienne. Je monte en marchant comme la plupart autour de moi. Moins d'une heure de course et déjà le premier point de contrôle: refuge Bertone km5. Je m'arrête quand même (3min) boire un verre et compléter ma gourde entamée.
( Courmayeur-Bertone : 5km 750+ --> 54min + 3min )


La suite du parcours est assez roulante, je reste à allure footing, je ne cherche pas à doubler. Il fait déjà plus frais ici :-) Je remet ma veste. Les nuages cachent la vue sur les Grandes Jorasses, dommage... Je regarde quand même, profite des lieux et même si le paysage ne peut se contempler, il se ressent, s'imagine, c'est immense... Tiens, la neige commence à tomber ! J'arrive au refuge Bonatti km13. Petit verre rapidos et je repars.
( Bertone-Bonatti : 8km --> 53min    Total : 13km et 1h50 de course )

Je cours toujours à l'économie. Le parcours à flanc de montagne est agréable malgré les conditions. Pas de souci, ça le fait ! Puis descente sur Arnuva, bouillasse, glissades et arrivée au ravito ... trempé. Je prends le temps de me changer : Tshirt manches longues en laine, gants, bonnets + bâtons. Je mange quelques morceaux de bananes avant de repartir et d'attaquer la 1^ère réelle difficulté du parcours : le Grand Col Ferret.
( Bonatti-Arnuva : 5,5km --> 36min + 7min    Total : 18,5km et 2h34 de course )

  

Vent et neige sont au rendez-vous. J'allonge un peu le pas sans pour autant me mettre dans le rouge. La neige recouvre le sol excepté le tracé : humide et glissant. Lors du briefing de départ, l'organisation avait recommandé de ne pas s'arrêter en haut du Col ... En effet, pas envie du tout de m'arrêter !!! Froid, vent, neige, brouillard !

Vidéo passage des 1^ers en haut du Col (fermer la pub en haut à droite) :

Point de contrôle au sommet et je m'engage dans la descente.
( Arnuva-Col Ferret : 4,5km 760+ --> 59min    Total : 23km et 3h33 de course )

J'essaie toujours de boire régulièrement, toutes les 10min, mais l'eau dans mes bidons est vraiment froide ! Ca me glace la tuyauterie à chaque gorgée. J'essaie de m'alimenter régulièrement aussi mais là, mes barres de céréales commencent à durcir. Je mettrai au moins 10min pour ingérer cette fameuse barre ! Petit croc par petit croc. Je descends calmement, on ne voit pas très loin en avant, l'impression d'être seul dans la montagne ! Mon genou droit commence à me chatouiller. Je me persuade et espère alors que ça ne restera qu'une sensation. Je m'efforce d'être souple et relaché dans ma foulée.
J'arrive à la Fouly km33 avec l'impression d'en avoir couru 50 !!!
Mon frère et mon père sont là :"alors?" " Ben... ça va bien :-) mais je n'ai fait que le 1/3 !" ça fait du bien de les voir ici et j'attendais vraiment ce moment de réconfort. Au ravito, je prends une soupe de vermicelles.
( Col Ferret-La Fouly : 10km 900- --> 1h + 8min   Total : 33km et 4h41 de course )

  

Allé, j'y retourne. Les jambes sont un peu lourdes, la partie à venir est roulante et plutôt agréable. Je déroule toujours sans accélérer de trop. Je me sens toujours aussi bien. Puis se présente la montée vers Champex. Je ressors mes bâtons et me colle derrière un petit groupe. J'ai pu revoir mes proches à 2 reprises avant la montée.
C'est cool !

  

A Champex (Suisse), pause !!! Je suis trempé mais je ne change pas mon haut. De toute façon avec ce qu'il douche dehors, ça ne servirait pas à grand chose et mon Tshirt laine garde bien la chaleur malgré tout. Je prends le temps de me masser, change de chaussettes et mange un petit peu : soupe de vermicelles (ça passe super bien le salé!), pain, banane. Mon frère est en tenue, il va m'accompagner sur les 15 prochains kms.
( La Fouly-Champex : 14km --> 1h41 + 21min   Total : 47km et 6h43 de course )

  

On attaque la montée vers Bovine avec mon frère titi. Mode marche sous la pluie. Je garde une allure qui me permet de discuter, c'est un bon repère pour moi. Je veux garder du jus aussi longtemps que possible. Par contre la mécanique commence à montrer des signes d'usure :-(
Mais ça se passe bien, content de courir avec mon frangin. Suis pas encore ko, je peux profiter.
( Champex-Bovine : 9,5km 750+ --> 1h28 + 3min   Total : 56,5km et 8h15 de course )

Dans la descente vers Trient, mon genou droit commence à être douloureux. En particulier dans les parties techniques dès lors que je dois plier mes guiboles et amortir les impacts. Je sais d'ores et déjà que la descente suivante sera difficile ! Dommage qu'il y ait cette gêne car je serais bien allé un chouilla plus vite pour le coup ! A Trient, je reprends à nouveau une sousoupe (miam miam), titi s'arrête, papa enchaine :-).
( Bovine-Trient : 7km 800- --> 48min + 15min   Total : 63,5km et 9h18 de course )

Je repars donc avec mon père. Ces moments là sont géniaux ! Tiens... il pleut !!! Bref, on attaque directement la montée vers Catogne. Le ciel s'assombrit, la nuit tombe doucement. La pente est assez régulière, on peut monter à un bon rythme. On discute aussi (enfin beaucoup papa quand même !). Sinon, c'est quand même bien humide tout ça ! Au sommet la nuit est là. Il neige, le paysage renvoie un peu de clarté. Deuxième fois, sur le parcours où je prends le temps d'observer autour de moi. J'me sens toujours bien, pas de gros coup de mou. Bon, la fatigue est bel et bien présente mais l'envie de courir est toujours là et l'envie d'arriver à Cham' encore plus ! J'allume ma frontale et attaque la descente.
( Trient-Catogne : 5km 800+ --> 1h08   Total : 68,5km et 10h26 de course )

Comme prévu, la douleur au genou est plus vive cette fois ci. Douleur sur l'extérieur du genou droit et sensation que le genou va se bloquer à chaque appui. Je descends en essayant d'alléger mon côté droit et de soulager un peu le genou mais les impacts se font sentir quand même. L'impression d'avancer à cloche-pied ! La nuit + neige rendent la visibilité difficile également, malgré une bonne frontale. Celle de mon père n'est pas assez puissante et il essaie de se calquer sur moi et mes poses de pied. Heureusement que je n'ai pas de soucis de crampes par dessus ! Bon on voit pas grand chose dans cette descente, je reste attentif. Petite glissade et nous voilà arrivé à Vallorcine.
( Catogne-Vallorcine : 5,5km 800- --> 52min + 3min   Total : 74km et 11h21 de course )


Je ne m'arrête pas longtemps, j'ai peur de ne plus pouvoir repartir à cause de mon genou refroidi. Je ne m'assois que 3,4 minutes pour la soupe, et repars aussitôt. Pas besoin de plus finalement, je ne me sens pas aussi fatigué que je pensais l'être après plus de 72km de course. Je continue jusqu'au Col des Montets avec papa, toujours sous une pluie battante. Le genou me fait mal même sur les parties roulantes. Arrivée à Argentière, ne reste que 10km.
Je n'arrive plus a courir correctement, ma jambe droite a de + en + de mal à se plier. La fin du parcours est assez roulante mais impossible d'allonger. ça me parait interminable, les lumières de la ville en contrebas... mais ce n'est pas encore pour tout de suite... Je me remotive comme je peux avec des : " Allé mon gars, tiens le coup !", " Tu peux pas ne pas finir !", " Aie, oui mais quand même !" :-)
( Vallorcine-Chamonix : 17km --> 2h14   Total : 91km et 13h35 de course )

Puis vient ce fameux moment de bien être ... l'arrivée dans chamonix. Comme par magie, la douleur s'estompe. Il est 23h30, les gens sont là dans les rues, applaudissent, félicitent, je n'ai plus froid. Dernière ligne droite, titi est là sur le coté, quelques mètres encore et c'est bon ... Voilà, je franchis cette ligne tant attendue. Papa et titi sont là. Je les enlasse, je me sens bien, heureux, je regarde à nouveau cette arche d'arrivée : "Je l'ai fait" :-)
Tout va bien, mais au bout de 5 min, je comprends qu'il sera très difficile d'aller jusqu'à la voiture. Dans la tête j'ai terminé, le physique en a terminé aussi !!! Jambe bloquée... Géniale cette course !!!

Mon arrivée :

Cl : Une belle expérience, un défi personnel, une ambiance à part et de supers moments partagés avec mon père et mon frère. Bref, faut remettre ça quoi ! :-)

Résultats: 140^ème en 13h35, course remportée par Tofol CASTANER BERNAT en 8h57.

    

Courbe Altitude-Distance (Garmin 310XT)